L’image du corps

Synthèse de l’échange de pratiques DisCO du 3 octobre 2023

Par Thomas D’AMICO, Diététicien

L’image du corps

Elle est le reflet de la façon dont nous percevons notre corps à l’instant présent. Cette image corporelle (IC) est le regroupement de trois corps :

Le corps réel, il est observable, mesurable, comparable. Il peut être statique ou en mouvement.

Le corps perçu, il est ressenti, influencé par le vécu. C’est le lieu des sensations et des émotions.

Le corps idéal, il est imaginaire, symbolique, familial et culturel. Il est vu comme la vitrine d’un statut social.

Causes d’altération de l’IC

L’IC peut être altérée par des évènements de vie (exemples : manque affectif, psycho-trauma), l’entourage, l’âge, l’appartenance sexuelle. Les femmes sont généralement plus insatisfaites de leur apparence physique que les hommes (Furnham, Calnan, 1998) véhiculées par des figures de références et par les médias, réseaux sociaux…

L’obésité est également une cause possible d’altération de l’IC car cette maladie peut entrainer une diminution des sensations proprioceptives, extéroceptives et intéroceptives. La graisse peut agir comme un « tampon d’amortissement » des ressentis (Herbert, B. M. et Pollatos, O., « Attenuated interoceptive sensitivity in overweight and obese individuals. », Eating behaviors, no 15,‎ 2014, p. 445-448) et la personne à tendance à rejeter son corps à cause de son excès de poids. L’obésité est aussi vectrice de répercussions socio-relationnelles. Parfois l’obésité est également une étape nécessaire dans un processus inconscient de résilience lui permettant de retrouver un sentiment d’existence après un évènement traumatique.

Toutefois l’insatisfaction corporelle apparait souvent comme étant indépendante de l’Indice de Masse Corporelle (Allaz, Bernstein et coll., 1998).

Répercussions des altérations de l’IC

Ces altérations peuvent avoir des répercussions comme l’isolement social, une baisse de l’estime de soi voire un recours à des régimes restrictifs. 75 % des Françaises, âgées de 18 à 65 ans, ont déjà fait un régime ou en font encore, (Masson, 2004). Il existe également une augmentation du risque de développer de la dysmorphophobie ou un trouble dysmorphique corporel ou Body Dysmorphia Disorder en anglais (DSM-5). C’est un trouble mental caractérisé par une préoccupation obsessionnelle pour une partie de son corps, voire son corps au complet, en le considérant rempli de défauts. La personne utilise donc des moyens extrêmes afin de cacher ou d’améliorer ces défauts.

Toutes ces répercussions peuvent avoir à leur tour comme conséquences l’apparition ou l’aggravation d’un trouble des conduites alimentaires.

Outils et Mesures de l’IC

Dans une perspective d’approche globale de la personne, le diététicien lors des consultations est amené à explorer l’IC d’une personne, à l’accompagner et l’orienter éventuellement vers d’autres professionnels comme les psychomotriciens. Pour cela, en complément des outils permettant de mesurer le corps physique que sont l’IMC et le tour de taille…, il existe les échelles visuelles (exemple : figures de Stunkard). L’échelle d’estime de soi de Rosenberg est complémentaire dans le sens où elle propose une mesure du niveau global de l’estime de soi d’une personne.

Actuellement une étude Européenne RECORPS teste un nouvel outil permettant de prendre en compte le rapport au corps chez les personnes atteintes d’obésité. Cet outil a été élaboré via une conférence de consensus regroupant des professionnels de santé des différents secteurs concernés et des patients ressources

 

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