La phase de diversification alimentaire

La période de diversification alimentaire est une étape importante pour le développement de l’enfant et la prévention des allergies, de l’obésité, des maladies cardio-vasculaires et des cancers à l’âge adulte. Cette étape n’est pas toujours facile à gérer : quels aliments proposer, à quel âge, sous quelles formes, à quel rythme, et de quelle manière s’y prendre sans perturber le bien-être de l’enfant ?

Dès la naissance de l’enfant et jusqu’à la fin du 4ème mois, le lait est le seul aliment qu’il doit ingérer. Celui-ci doit rester la base de son alimentation jusqu’à ses trois ans.

Le Haut Conseil de la Santé Publique incite les parents qui donnent le biberon à identifier les signaux de faim (« les pleurs, les mouvements excités de bras et de jambes, la bouche qui s’ouvre quand le biberon approche ») et de rassasiement (« le bébé s’endort sur le biberon, ralentit le rythme de tétée, s’arrête de téter, recrache la tétine ») pour préserver les capacités d’autorégulation du bébé et faire en sorte que plus tard il mange les quantités correspondant à ses besoins corporels (cf. article « Manger : un acte qui va bien au-delà de ce que l’on met dans son assiette » https://www.maison-nutrition.fr/particuliers/manger/ma-facon-de-manger/)

La diversification alimentaire est recommandée après le 4ème mois et au plus tard avant la fin du 6ème mois pour tous les groupes d’aliments. C’est la fenêtre de tolérance où l’enfant accepte assez facilement de nouveaux aliments. Pendant cette période il est recommandé d’exposer les enfants à un maximum d’aliments pour contribuer à prévenir les allergies alimentaires et les aider à avoir plus tard une alimentation « équilibrée » en les habituant très tôt à de nouvelles saveurs et textures (source ESPGHAN (Société européenne de gastro-entérologie, hépatologie et nutrition)). Au début, les aliments ajoutés au lait doivent être mixés, puis progressivement, ils vont être donnés à part et leur consistance va être petit à petit accentuée (petits morceaux tendres … aliments solides). Éviter au maximum le sel et les sucres ajoutés.

Il existe également une fenêtre d’introduction des aliments « texturés » (c’est à dire nécessitant une mastication) entre le 6ème et le 10ème mois, de manière à favoriser la consommation des fruits et légumes.

L’enjeu est donc d’accompagner l’enfant vers une alimentation diversifiée et une mastication des aliments solides, en respectant son rythme pour éviter de le forcer ou de l’exposer à un risque de fausse route.

Comment démarrer la diversification (au-delà du 4ème mois) ?

  • Dans un climat de confiance et de calme
  • Un aliment à la fois, en très petite quantité (1 à 2 cuillères à café) en augmentant progressivement la quantité
  • Utiliser une petite cuillère tout en laissant le bébé toucher avec ses doigts s’il essaie de le faire.
  • Ne pas insister en cas de rejet, et lui reproposer l’aliment une autre fois
  • Avec un minimum de 500 ml de lait ou équivalent par jour

Exemple sur une journée en plus du lait ou équivalent :

  • Légume unique en purée (carottes, épinards, potiron, haricots verts, courgettes, blancs de poireaux, tomates sans peau) à midi
  • Fruit unique en compote (pomme, poire, abricot, pêche) à midi ou au goûter
  • Céréales infantiles, le matin ou le soir
  • Pomme de terre en purée comme liant avec les légumes

 

Exemple de répartition

Étape par étape et à moduler en fonction du rythme de l’enfant et de ses goûts

entre 4 et 5 mois
Matin : 240 ml lait (1er âge)

Midi : légumes (carottes, haricots verts, courgettes betteraves.)30g +180ml de lait à diminuer progressivement selon la quantité de légumes pris par l’enfant  » 60g de légumes +150ml lait  » 90g de légumes + 120ml lait  » 120g légumes + 90ml lait +120g de fruit à répartir dans la journée

Goûter : 120ml de lait

Soir : 240ml lait

entre 5 et 6 mois
Matin :  240 ml lait (1er âge) Midi : 200 g légumes (tout type) sans sel + pomme de terre + pot de fruit 120 g à repartir dans la journée (tout type) Goûter : 210 ml lait

Soir : 240 ml lait.

entre 6 et 8 mois
Matin : 210-240 ml lait (2e âge)

Midi : 200g légumes (tout type) + féculents ou légumineuses +10 g viande ou équivalent + dessert (fruit cuit / laitage infantile)

Goûter : 240 ml lait + compote

Soir : 90g légumes +/- féculents (2/3 légumes -1/3 féculents) selon appétit (tout type) + 210 ml lait + dessert : fruit cuit ou bien mûr 120 g (tout type) /ou biberon 240/250 ml si l’enfant est trop fatigué pour manger

à 9 mois
Matin : 240-270 ml lait (2e âge)

Midi : Crudités (tomates, concombres, avocats, betteraves). 200 g légumes + 10 g viande, poisson ou œuf fromage pasteurisé + dessert : laitages ou fruits cuits/crus

Goûter : 240 ml lait ou laitages + biscuit et/ou fruits bien mûrs ou en compote

Soir : 150 g légumes +/-féculents (2/3 légumes- 1/3 féculents) + 180 ml lait + dessert :  fruit cuit ou bien mûr 120 g.

à 1 an
Matin : 300 ml lait de croissance + céréales

Midi : crudités + matière grasse (huile d’olive…) 200g légumes (+ sel, huile végétale) + 10 g viande/poisson (non cru, non frit) ou œuf + dessert (fruit cuit ou fruit cru ou laitage)

Goûter : lait de croissance ou laitage + biscuit ou pain et ou fruit bien mûr ou en compote

Soir : 250 g légumes + féculents + fromage pasteurisé + dessert :  fruit ou laitage

 

La diversification alimentaire menée par l’enfant (DME)

L’introduction des aliments texturés peut se faire selon la Diversification Menée par l’Enfant (DME). C’est une méthode permettant à l’enfant d’explorer seul, les aliments dans un environnement adapté.

La DME favorise la coordination de l’enfant, renforce sa capacité à explorer, et le stimule à travers la découverte de nouvelles sensations et formes.

Elle permettrait également de renforcer ses capacités cognitives et motrices, son autonomie et sa confiance en soi.

L’adulte propose plusieurs aliments et l’enfant pourra choisir l’aliment qu’il souhaite, le prendre en main et porter lui-même à la bouche. Cette méthode permet à l’enfant de manger à table avec tout le monde en manifestant ses préférences ce qui peut favoriser l’alimentation intuitive.

A quel moment la DME peut-elle être mise en place ?

La DME peut être débutée à partir de l’âge de 6 mois. Pas avant, car l’enfant doit être en capacité de déglutir des morceaux. C’est un âge ou l’enfant contrôle mieux les mouvements de sa bouche et de sa langue. L’âge n’est pas le seul critère, l’enfant doit pouvoir se tenir assis sans aide et être installé le dos bien droit.

Comment et avec quels aliments démarrer la DME ?

Pour débuter, on propose à l’enfant un fruit ou un légume par jour sous une forme qui facilite la prise en main, comme des légumes coupés en bâtonnets, des haricots verts, ou encore des bouquets de choux fleurs (cuits) et sans matière grasse pour éviter qu’ils ne glissent entre les doigts. Même si les dents ne sont pas encore présentes, l’enfant saura écraser ces aliments avec son palais et les mastiquer avec ses gencives.

Au début l’enfant découvre, il va se familiariser avec les aliments, plus en jouant qu’en les mangeant. Il s’agit de petites quantités (une tête de chou-fleur, 2-3 haricots verts). Le lait reste l’aliment principal des enfants pendant leur première année. Petit à petit, l’enfant portera d’avantage les aliments à sa bouche, il deviendra plus habile et les consommera en plus grande quantité

Attention, chez les enfants de moins de 3 ans, aux aliments durs et/ronds (exemple : arachide entière, noisette, tomate cerise …) qui peuvent entraîner un étouffement.

 

Attention à certains aliments !

Le Haut conseil de la santé publique a émis des recommandations pour certains aliments :

  • Pas de miel, avant 1 an, à cause du risque microbiologique. Sont déconseillés également, les aliments avec édulcorants et ceux à base de soja.
  • Certains aliments consommés crus (viande, lait, fromages à pâte crue, œufs et produits à base d’œufs crus, coquillages et poissons) à cause du risque microbiologique ne doivent pas être proposés aux tout-petits.
  • Les boissons riches en caféine (café, thé, sodas caféinés) et les boissons énergisantes sont déconseillées.
  • Enfin, il est préférable de ne pas donner de supplémentation (vitamines, compléments alimentaires) aux enfants sans prescription médicale.

 

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Sites

Livre

Zalejski Christine (Docteur en sciences), « Bébé mange tout seul », 2018